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Les eaux usées ou bien les eaux grises, du fait des miasmes qu’elles peuvent transporter, sont toujours vues par nos contemporains comme une véritable menace au bon fonctionnement des sociétés, bien plus que les eaux de ruissellement qui pourtant, bien qu'elles servent parfois de moyen d’alimentation, peuvent constituer un grave danger pour les communautés humaines.
Ces eaux indésirables faisaient déjà durant la période romaine l’objet d’un soin particulier comme en témoignent certains vestiges monumentaux destinés à les contenir. On pense bien sûr à la Cloaca Maxima, mais il existe une multitude d’autres infrastructures de tailles et de formes hétérogènes dans l’ensemble du monde romain. Ce sont ces installations et les stratégies mises en œuvre pour limiter les dangers liés aux eaux indésirables que ce rendez-vous propose de mettre à l’honneur.
Au travers de recherches récentes, seront présentées les différentes formes que peuvent arborer les installations destinées à gérer les eaux indésirables tant en milieu urbain que rural. On se demandera si leurs caractéristiques architecturales sont le fruit de déterminismes environnementaux et culturels ou bien s’il s’agit de véritables modèles standardisés, qui se développent dans l’ensemble du monde romain. A ce titre, seront analysés les réseaux d’évacuation de plusieurs provinces, aussi bien dans des territoires précocement romanisés que dans des provinces où la présence romaine a été moins longue et plus diffuse. C’est en effet la confrontation des contextes d’étude qui permet de saisir les modalités de mise en place de ces réseaux et la perception qu’avaient les populations des eaux dites indésirables.
La frontière est parfois difficile à saisir pour l’archéologue entre « eaux utiles » et « eaux indésirables », autrement dit entre réseau d’alimentation et réseau d’évacuation. Ce colloque propose donc de présenter les infrastructures non pas pour elles-mêmes mais dans l’optique de les intégrer au sein d’un réseau hydraulique cohérent, afin de comprendre les liens et les limites qui existent entre les réseaux d’alimentation et d’évacuation, souvent opposés mais en réalité complémentaires.
On s’interrogera aussi sur les apports de l’étude détaillée de ces mécanismes à l’archéologie. En pratique, les installations de gestion des eaux indésirables présentent fréquemment un caractère souterrain ; elles sont par conséquent nettement mieux conservées que les différents ensembles architecturaux dont elles sont issues, ce qui en fait des structures essentielles à la compréhension des vestiges archéologiques. Elles permettent de dater des phases d’aménagement mais aussi d'interpréter la fonction de certains espaces, quand tous les autres vestiges ont disparu. Ainsi, la présence de telle ou telle structure d'évacuation pourra indiquer que l'espace était couvert ou extérieur, public ou privé, utilisé à des fins domestiques ou artisanales …
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